Congrès de l’Acfas – Les milieux de la recherche et de la création doivent assurer des collaborations en continu

Lab7 Les 7 Doigts mai 17, 2023

10 mai 2023, 07h35

     |    Article rédigé par Frédéric Bouchard.

Dans le cadre du 90e congrès de l’Acfas, SYNTHÈSE – Pôle Image Québec et le Centre de développement et de recherche en intelligence numérique (CDRIN) organisaient un colloque autour du thème « RD et RC : les formes de collaborations intersectorielles dans les industries créatives ». Yan Breuleux, chercheur et professeur à l’École des arts numériques, de l’animation et du design (École NAD-UQAC), Ghislain Gagnon, doyen de la recherche et professeur à l’École de technologie supérieure (ETS), et Alexandre Teodoresco, vice-président du développement stratégique et de l’innovation aux 7 Doigts, ont échangé sur les manières de créer de meilleurs partenariats entre la recherche et la création.

[Congrès de l’Acfas] Les milieux de la recherche et de la création doivent assurer des collaborations en continu
Alexandre Teodoresco, Ghislain Gagnon et Yan Breuleux.Photo: Frédéric Bouchard

Avec l’inauguration récente du Lab7, un studio d’exploration installé au centre de création et de production des 7 Doigts, Alexandre Teodoresco affirme que la manière dont la technologie est intégrée dans la recherche créative s’est complètement transformée. Certains des créateurs artistiques de projets, par exemple, sont davantage engagés dans leur art. Même en ce qui concerne le développement des affaires, de nouvelles portes s’ouvrent pour le collectif. Toutefois, il estime que les bailleurs de fonds attendent trop des professionnels du monde des arts pour répondre aux critères des programmes de recherche et développement (R&D). La notion d’optimisation et de maximisation du rendement et de l’efficacité est constamment privilégiée.

« Sur la scène, nous ne pensons pas à comment nous allons rendre un mouvement deux fois plus efficace et comment prendre cet outil qui augmente l’efficacité pour le vendre. C’est un grand obstacle et nous n’avions pas conscience de ça avant d’entreprendre toutes ces avenues de financement », constate le vice-président du développement stratégie et de l’innovation.

Cela s’ajoute au défi d’identifier et de dénicher le chercheur ou scientifique spécialisé dans l’expertise nécessaire aux besoins du spectacle. D’autant plus que la ligne de temps rend impossible pour les créateurs de passer deux ans et demi sur le développement et la recherche d’un projet. « Il nous arrive de nous engager avec un professeur parce qu’il est expert dans une technologie. Pour sa recherche, il a besoin d’aller plus loin, mais nous, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas là pour la technologie elle-même, mais pour le besoin narratif, alors nous devons changer notre fusil d’épaule », raconte Alexandre Teodoresco.

Pour sa part, Ghislain Gagnon estime qu’il est essentiel d’assurer une collaboration sur le long terme, en continu, de manière à ce que, lorsqu’une nouvelle idée arrive, personne ne parte de zéro. Si, par exemple, des étudiants sont déjà dans un laboratoire ou un institut, il devient plus facile et rapide de démarrer le projet lorsqu’il arrive entre les mains de l’établissement universitaire. « Nous avons testé ces collaborations privilégiées dans d’autres domaines, ça fonctionne bien. Nous ne voyons pas pourquoi ça ne pourrait pas fonctionner avec l’industrie créative », note le doyen de la recherche et professeur à l’ETS.

ImageAlexandre Teodoresco et Ghislain Gagnon. Photo : Frédéric Bouchard

Professeur à l’École UQAC-NAD, Yan Breuleux abonde dans le même sens. Plutôt que de réfléchir à partir du paradigme de l’innovation, il faudrait penser à travers celui de la collaboration, c’est-à-dire de mettre en place des processus collaboratifs et de médiation pour la formation. Il est nécessaire, ajoute-t-il, d’accorder une plus grande place à la dimension sociale dans les relations entre art, science, technologie et création. « Ce qui n’empêche pas que dans ces contextes, des innovations puissent en découler. Mais ce n’est pas l’innovation qui est le critère premier, c’est plutôt la mise en place d’un écosystème créatif qui implique aussi le développement technologique et la recherche. Si l’innovation est l’objectif ultime, nous nous coupons de nombreuses ouvertures qui ne pourraient pas se produire autrement », précise l’enseignant.

L’inverse est également possible, soit de considérer qu’une nouvelle technologie puisse amener de nouvelles idées artistiques et de nouvelles formes de narrativité. La technologie, rappelle Yan Breuleux, n’est pas neutre. Elle contient ses potentialités.

ImageYan Breuleux. Photo : Frédéric Bouchard

Après, comment insérer ces dimensions à l’intérieur des programmes de financement ? La plupart des programmes liés à l’innovation provenant du Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie n’ont jamais été pensés en fonction de la réalité des industries créatives. En fait, ils cherchent à prévoir l’optimisation et la rentabilité de la technologie alors que le résultat n’est pas nécessairement encore tangible et les gains difficilement calculables.

« Les programmes du Fonds des médias du Canada sont une piste de solution, observe Alexandre Teodoresco. Ils pensent à cette notion d’un produit créatif avec de la technologie. Mais encore là, ce n’est pas gagné. Parce qu’il y a toujours cette notion d’innovation technologique. Et beaucoup de postes importants sont nécessaires pour produire le prototype du concept et se retrouvent du côté artistique et ne sont pas admissibles. Nous séparons les deux alors que c’est ensemble qu’ils ont du sens. »

« C’est quelque chose qui évolue, souligne finalement Ghislain Gagnon. Je suis plutôt optimiste par rapport à l’évolution des programmes. Le niveau de financement n’est pas du tout là où nous souhaiterions, mais ça va dans la bonne direction. Il faut aussi que les gens qui évaluent les demandes aient cette compréhension de ce type de collaboration. »

Anne Le Bouyonnec

 

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