Alexandre Téodoresco, novembre 2021 Samedi passé je me suis retrouvé dans un petit party, avec des gens en vrai! Et comme les bonnes habitudes ne se perdent pas, ça c’est vite transformé en party de cuisine. Là, une fille que je ne connais pas m’approche et, pour lancer la conversation, me demande ce que je fais dans la vie, un peu sec. Moi du tac au tac, je réponds: « Je travaille dans le Metaverse ». Je vois un profond ennui… Oups, je pensais être smart et j’ai réalisé que ce qui peut être un sujet fascinant pour moi peut en fait créer des réactions tout à fait différentes chez des gens qui ne baignent pas dans mon milieu. J’ai décidé de tenter le coup avec ma techno-sceptique et de m’accrocher pour lui expliquer un peu plus ce que ça mange en hiver le Metavers, et pourquoi il faut s’y intéresser. J’ai compris que c’était une amoureuse de l’art et qu’elle était impliquée dans les causes de justice sociale. Je lui ai avoué que je travaillais aux 7 doigts de la main, et là c’est la confusion chez mon interlocutrice. C’est qu’elle adore Les 7 Doigts. Pour elle on est vrais, authentiques, artistes en premier, on est dans le réel et surtout pas intéressés par les gadgets technologiques. J’ai profité de cet instant de sympathie pour lui expliquer le pourquoi de notre exploration du Metavers. En gros on se définit comme des raconteurs d’histoires. Vu qu’on est à la base une compagnie de cirque, on utilise le mouvement humain pour créer ces narrations et ces émotions. Mais le cirque est un art multidisciplinaire qui est par définition toujours en train d’innover et de prendre des risques, de se réinventer. C’est comme ça que notre art peut rester pertinent à travers les âges. En ce moment, nous assistons à un changement majeur de la façon dont l’audience se divertit et se cultive. Qu’on aime ou pas, les faits sont clairs. Des centaines de millions de jeunes et moins jeunes passent de plus en plus de temps dans des environnements immersifs digitaux. On peut décider de ne pas y croire à cette transformation, et se réveiller dans quelques années devant une salle vide. Quelqu’un de sage m’a dit une fois que si je n’aime pas le futur, je suis aussi bien de le créer. C’est exactement ce qu’on essaye de faire aux 7 Doigts en apprivoisant les outils du Metaverse et en apprenant comment raconter nos histoires dedans. En fait, c’est ce que tout nos collègues des arts vivants du Québec devraient absolument commencer à faire aussi. Il en va de notre souveraineté culturelle. Voyez plutôt le mal qu’on a se tailler une place sur les plateformes de streaming. On ne peut pas se permettre de manquer le bateau dans cette prochaine transformation. Quand j’ai commencé à lui parler des raisons qui nous poussent vers le Metaverse et l’enjeu pour notre pertinence culturelle comme nation, je pense que j’ai touché une corde sensible chez ma techno-sceptique du party de cuisine. Qui sait ? Peut-être est elle allé créer son avatar après le party? |
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