Gypsy, pour la création de RÉVERSIBLE s’est aussi entourée de personnes extérieures, à savoir Phillip CHBEEB & Hokuto KONISHIL, directeurs de la Cie AXYZM. Tous deux sont collaborateurs, recherche du mouvement pour RÉVERSIBLE.
Comment gérez-vous le travail avec les techniques et les artistes de cirque ?
Hokuto : C’est la première fois que nous travaillons avec des artistes de cirque à proprement parler. Nous avions eu quelques expériences, mais aucune ne nous avait amenés à passer autant de temps avec eux. Nous avons été incroyablement surpris par leur discipline et leur respect. Ils sont à la fois incroyablement talentueux dans leurs propres disciplines et ouverts à essayer des choses très différentes.
Phillip : ils ont une attitude très positive, ils sont prêts à tout tenter, à tout découvrir. C’est quelque chose que nous ne trouvons pas toujours dans notre industrie à Los Angeles (note : la compagnie de Phillip et Hokuto, Axyzm, est basée à Los Angeles). C’était très rafraichissant de voir des artistes aussi ouverts.
Quel lien faites-vous entre votre travail et celui des 7 doigts ?
Phillip : Les 7 Doigts ont une approche très minimaliste, ils suppriment tout ce qui n’est pas fondamental pour ne laisser que l’essence des idées qu’ils sont capables de transformer en tableaux très simples qui véhiculent beaucoup de sens. De la même façon, nous aimons prendre les objets du quotidien et leur donner une nouvelle dimension.
Dans Réversible, nous utilisons trois murs très simples qui suffisent à tous nos mouvements, à toute l’histoire.
Comment décririez-vous le spectacle actuellement ?
Hokuto : Avec 10 jours passés à travailler avec l’équipe, et même si le spectacle n’est pas terminé, nous avons pu voir l’immense potentiel de chaque scène. Une fois le travail sur les transitions et les détails terminé, ce qu’ils auront à offrir sera époustouflant.
Phillip : Pendant notre présence, je pense que nous avons pu ajouter quelques couleurs à leur palette de travail et qu’avec toutes ces couleurs, Les 7 Doigts vont peindre une œuvre d’art.
Qu’est-ce qui vous a touché le plus dans votre expérience à Montréal ?
Phillip : J’ai été très touché par l’attention que Les 7 Doigts portent aux artistes. Souvent ces derniers sont dissimulés derrière l’énormité des productions, ce qui les éloigne de leur public.
Avec Les 7 Doigts, les artistes sont mis de l’avant, ce qui permet une grande connexion avec le spectateur, qui se reconnait en tant qu’Être humain et voit ce qu’un être qui lui ressemble est capable d’accomplir. C’est très inspirant.
Hokuto : Les artistes sont presque en permanence sur scène, en dehors des moments où leur corps accomplit des exploits, ils restent présents et font des choses très simples, que chacun se sent capable d’accomplir. La connexion avec le public ainsi créée fait que les éléments acrobatiques ont un côté beaucoup plus humain.
Qu’avez-vous retiré de votre travail avec Gypsy et les artistes de Réversible ?
Phillip : Nous avons été très inspirés par l’approche de Gypsy et de ces artistes, notre travail avec eux nous a transformés, de la même façon que nous espérons les avoir transformés. Même si nous pensons toujours avoir été sensibles au côté humain de notre travail, notre temps avec Gypsy nous a démontré qu’il est possible d’aller bien plus loin.
Dans notre quotidien à Los Angeles, nous avons besoin de faire des connexions très rapides : si nous réalisons un spectacle pour enfants, nous allons directement nous adresser à eux de façon très claire. Gypsy a une approche différente, elle s’adresse à tous en partageant une expérience que chacun va ressentir à sa manière.
Et sur le plan technique ?
C’était fascinant d’être en contact prolongé avec les disciplines de cirque et de pouvoir en comprendre les mouvements et le vocabulaire. Nous avons pu voir que la plupart des concepts que nous-mêmes utilisons avec le corps sont en fait adaptables à leurs disciplines, en particulier la manipulation d’objets.
C ‘était très enrichissant de voir à quel point le mouvement peut aller plus loin lorsqu’il est réalisé par un autre corps ! Nous en sommes arrivés à un point où nous étions tellement impressionnés par eux que nous ne comprenions plus qu’eux le soient autant par nous !
Il est rare d’arriver à un tel point de rencontre à notre niveau, toute notre présence fut un échange mutuel.
Hokuto : À notre époque où tout doit aller très vite, en particulier avec les médias sociaux, le point d’abandon est devenu beaucoup plus rapide de manière générale. Ces artistes ont tous conscience de la quantité de travail que chaque mouvement demande, ils savent qu’il faut répéter inlassablement, que tout prend du temps… Je crois que tous les danseurs devraient voir les spectacles des 7 Doigts, être témoins de cet état d’esprit, du travail que demande la danse lorsqu’elle est ajoutée à toutes ces autres techniques.
Phillip : La compétition et la tension sont beaucoup moins présentes que dans le monde de la danse parce que l’étendue du vocabulaire disponible et la variété des disciplines font que chacun travaille sur ce qui le rend spécial, sans avoir besoin de tout maitriser. Ils sont très aimants, collaboratifs et complémentaires. C’est une belle leçon pour nous danseurs.
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